Pourquoi les Africaines-Américaines rechignent-elles à convoler hors de leur communauté, au risque de rester éternellement célibataires ? Explications sociologiques dans un pays toujours marqué par de fortes tensions entre Noirs et Blancs…
« À ce stade de ma vie, je pensais que je serais mariée et que j’aurais des enfants », confie Audrey, 39 ans. Cette Africaine-Américaine avenante, diplômée et sexy, vit seule à Washington et s’y résigne tristement. « Audrey fait partie du groupe de célibataires le plus nombreux aux États-Unis : les femmes noires », explique Ralph Richard Banks, professeur à la Stanford Law School (Californie) et auteur d’un livre au titre provocateur : Is Marriage for White People ?* (« Le mariage est-il réservé aux Blancs ? »)
Après une enquête à travers tout le pays, Banks – qui est lui-même noir – attribue le fort taux de célibat (près de 70 %) des Africaines-Américaines à leur rejet des mariages mixtes et à « une pénurie d’hommes noirs sur le marché ». Pénurie due, en partie, au nombre effarant des incarcérations : sur plus de 2 millions de prisonniers aux États-Unis, quelque 40 % sont des Noirs. Autre facteur aggravant : des différences socioprofessionnelles trop marquées au sein de la communauté noire. Près de 1,4 million de jeunes Africaines-Américaines font des études universitaires (niveau licence), contre 900 000 garçons, et elles sont deux fois plus nombreuses que ces derniers à obtenir leur diplôme. En 2008, elles étaient 125 000 à continuer leurs études au-delà de la licence, contre 58 000 garçons.