Plusieurs milliers de personnes de toutes croyances ont dénoncé dimanche à Rio de Janeiro la recrudescence de l’intolérance religieuse au Brésil, suite à des agressions contre des adeptes de cultes d’origine africaine.
« Nous sommes tous égaux devant la loi et devant les yeux du créateur », exprimait une pancarte accrochée à un des chars qui défilaient sur la plage de Copacabana, à l’occasion de cette dixième édition de la Marche en défense de la liberté religieuse.
Des ex-dealers convertis à l’évangélisme néo-pentecôtistes attaquent à la batte de base-ball des lieux de cultes afro
« Notre pays est laïc, mais nous sommes en train de revenir au temps de l’inquisition », s’indigne le Doté (prêtre) Adriano, de la branche Sogbo du candomblé, entouré d’un groupe de fidèles, tous vêtus de blanc.
De nombreux adeptes du candomblé ou de l’umbanda, cultes qui puisent leurs racines dans les croyances des esclaves venus d’Afrique, ont été victimes récemment d’agressions de la part de membres d’Eglises évangéliques néo-pentecôtistes, certains d’entre eux étant même des trafiquants de drogue convertis.
Cette semaine, deux vidéos montrant des individus forçant des fidèles de religions afro-brésiliennes à détruire des images saintes dans leurs lieux de culte ont eu une grande répercussion sur les réseaux sociaux.
Fin août, une femme de 65 ans avait été attaquée à coups de pierre à Nova Iguaçu, banlieue populaire de Rio.
Ces tensions récentes ont eu lieu alors que la ville de Rio est gouvernée depuis le début de l’année par le maire Marcelo Crivella, pasteur de l’Eglise Universelle du Règne de Dieu, une des principales Eglises évangéliques du pays.
Le cardinal Orani, archevêque de Rio, a appelé les catholiques à participer à la manifestation de dimanche, au même titre que des leaders juifs, musulmans, bouddhistes et d’autres religions de ce pays multiculturel et multiconfessionnel.
Les agresseurs sont « minoritaires » parmi les évangéliques et agissent « sous l’influence de leaders locaux », affirme Edson Garcés, 30 ans, membre d’une Eglise baptiste.
Selon des chiffres du service téléphonique de dénonciation d’abus des droits de l’homme, 79 cas d’intolérance religieuse ont été rapportés en 2016, une augmentation de 119% par rapport à l’année précédente.
Entre le mois de juillet et la semaine dernière, 32 dénonciations de ce type ont été recensés, selon l’hebdomadaire Istoé.