Des centaines de manifestants ont battu le pavé à São Paulo la semaine dernière pour protester contre le profilage racial et les violences policières à l’égard des Noirs. Au-delà d’une simple marque de soutien vis-à-vis des
Des centaines de manifestants ont battu le pavé à São Paulo la semaine dernière pour protester contre le profilage racial et les violences policières à l’égard des Noirs.
Au-delà d’une simple marque de soutien vis-à-vis des rassemblements aux Etats-Unis qui ont fait suite aux événements de Ferguson, aux morts de Michael Brown dans le Missouri et Eric Garner à New York – deux hommes noirs non armés tués par des policiers blancs –, les manifestants brésiliens ont voulu souligner la réalité de leur pays : les Noirs sont systématiquement pris pour cible par la police brésilienne.
Six personnes tuées chaque jour par la police
Une étude menée par l’université de Sao Carlos a démontré que 61% des personnes tuées par la police militaire de São Paulo étaient noires. Selon une autre étude, du Forum brésilien de sécurité publique, les policiers brésiliens sont les plus dangereux au monde, comptant six personnes tuées chaque jour au cours des cinq dernières années. […]
Dans une lettre officielle remise en mains propres au gouvernement de l’Etat de Sao Paulo, plus de 50 organisations de défense des droits de l’homme et des mouvements noirs ont listé un nombre de revendications : que les meurtres de jeunes hommes noirs par la police fassent l’objet d’enquêtes, que le bureau du procureur de l’Etat renforce sa surveillance sur les activités policières, et entre autres, que les familles des personnes tuées reçoivent des indemnités :
Des centaines de manifestants ont battu le pavé à São Paulo la semaine dernière pour protester contre le profilage racial et les violences policières à l’égard des Noirs.
Au-delà d’une simple marque de soutien vis-à-vis des rassemblements aux Etats-Unis qui ont fait suite aux événements de Ferguson, aux morts de Michael Brown dans le Missouri et Eric Garner à New York – deux hommes noirs non armés tués par des policiers blancs –, les manifestants brésiliens ont voulu souligner la réalité de leur pays : les Noirs sont systématiquement pris pour cible par la police brésilienne.
Six personnes tuées chaque jour par la police
Une étude menée par l’université de Sao Carlos a démontré que 61% des personnes tuées par la police militaire de São Paulo étaient noires. Selon une autre étude, du Forum brésilien de sécurité publique, les policiers brésiliens sont les plus dangereux au monde, comptant six personnes tuées chaque jour au cours des cinq dernières années. […]
Dans une lettre officielle remise en mains propres au gouvernement de l’Etat de Sao Paulo, plus de 50 organisations de défense des droits de l’homme et des mouvements noirs ont listé un nombre de revendications : que les meurtres de jeunes hommes noirs par la police fassent l’objet d’enquêtes, que le bureau du procureur de l’Etat renforce sa surveillance sur les activités policières, et entre autres, que les familles des personnes tuées reçoivent des indemnités :
« Nous sommes témoins dans nos communautés de pures exterminations, qui surviennent à travers des homicides systématiques similaires à ceux que l’on peut voir en période de guerre, voire plus. A cela s’ajoutent les conditions de vie précaires et la négation de droits élémentaires tels que la santé, l’éducation, la sécurité, le logement, les transports, l’accès à l’université, à la culture et aux loisirs – touchant, surtout, la population noire –, ce qui s’apparente pour les mouvements sociaux et les mouvements noirs, à un véritable génocide de la jeunesse brésilienne noire et de la population noire. »
La responsabilité des médias
Pour le blogueur Douglas Belchior, les médias brésiliens grand public adoptent des attitudes différentes lorsqu’ils couvrent des affaires similaires aux Etats-Unis et au Brésil :
« Les médias grand public, pendant qu’ils couvrent en partie les rassemblements de noirs dénonçant les violences policières aux Etats-Unis, négligent les atrocités commises par la police brésilienne. Au contraire, […] les médias banalisent les décès, si bien que [l’actualité] se comporte comme si le silence des personnes décédées équivalait à l’innocence de leurs meurtriers. »
Depuis que les manifestations de Ferguson ont commencé aux Etats-Unis, les Brésiliens ont fait le lien.
En août, le journaliste Fernando Vianna a écrit un article pour le journal Folha de Sao Paulo, portant le même titre que la manifestation du 19 décembre, « Ferguson é aqui » (Ferguson, c’est ici), dans lequel il indique :
« Si après chaque décès de personnes noires tuées par la police au Brésil, une partie de la population marchait dans les rues avec révolte, comme à Ferguson, nous vivrions des convulsions quotidiennes. »
Le sociologue Ignacio Cano, de l’université fédérale de Rio de Janeiro, a indiqué à Bloomberg au mois de novembre
:« Notre police tue par centaines. Nous avons des affaires Ferguson tous les jours. [La différence tient au fait que] là-bas [aux Etats-Unis], tout le monde reconnaît l’égalité de tous devant la loi. Ici, il n’y a pas de consensus, et beaucoup pensent encore que les personnes venant de quartiers pauvres sont soit dangereuses, soit des criminels, soit les deux. »
La police au Brésil, une tradition de violences
Un après-midi de l’année 1992, une discussion entre des détenus de la prison de Sao Paulo connue sous le nom de Carandiru, a dégénéré en mutinerie.
Incapable de gérer la situation, la sécurité a appelé la police, qui a pris la prison d’assaut et tué 102 détenus.
L’incident – dans lequel les assaillants se sont trouvés face à la justice seulement 20 ans après, en 2012 – est devenu célèbre sous le nom de massacre de Carandiru et a été décrit dans le film « Carandiru », sorti en 2003.
Néanmoins, le bain de sang de Carandiru n’est qu’un massacre parmi d’autres perpétrés par un grand nombre de policiers brésiliens.
Un an plus tard en 1993, huit garçons sans-abri âgés de 11 à 19 ans ont été abattus pendant qu’ils dormaient devant l’église de Candelária dans le centre de Rio de Janeiro.
La vengeance, un motif courant
Plus tard, trois policiers ont été poursuivis et envoyés en prison mais ont été relâchés depuis. Leur mobile reste flou, mais beaucoup supposent qu’ils les ont tués par vengeance pour les larcins commis par les jeunes dans le secteur.
La vengeance est un motif courant justifiant les incursions de la police dans les favelas et les quartiers pauvres des villes brésiliennes.
De nouveau la même année, à Rio de Janeiro, 50 policiers cagoulés ont abattu 21 personnes dans la favela de Vigário Geral, en représailles à la mort de quatre agents dans la même zone. Il a été prouvé plus tard qu’aucune des victimes n’avait de casier judiciaire.