Accueil Monde arabo-musulman Arabie Saoudite en 1955, entre esclavage de Noirs et trafic sexuel de mineurs pour le roi

Arabie Saoudite en 1955, entre esclavage de Noirs et trafic sexuel de mineurs pour le roi

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« Il existait au Qatar un grand nombre d’esclaves proportionnellement bien plus qu’en Arabie saoudite.  Au début du XXème siècle, on comptabilisa 4000 esclaves noirs et 2000 Noirs affranchis à Doha (l’actuelle capitale) et à Wãkra, sur une population (…) de 12 545 habitants, c’est-à-dire un groupe servile considérable de 48% de l’ensemble de la population […]

Wilfried Thesiger, arabisant et bon connaisseur de l’Arabie, a croisé la piste d’une de ces caravanes d’importation d’esclaves. En novembre 1948, en abreuvant ses chameaux à un puits dans le désert, il découvre une multitude de traces d’hommes et de chameaux datant de la veille :

« C’étaient, me dirent mes compagnons, celles d’Ali al Murri [célèbre trafiquant d’esclaves] et des 48 esclaves qu’il emmenait jusque dans la province du Hassa [où se trouvaient les puits de pétrole]. Il semblait que la fabuleuse richesse rapportée par le monopole pétrolier américain à l’Arabie Séoudite eût entraîné une demande accrue d’esclaves et une hausse considérable de leur prix »

Preuve de l’importance du trafic et de son caractère commercial tout à fait ordinaire, encore après la Seconde Guerre mondiale, la plupart de ces grands passeurs d’esclaves étaient connus de tous, voire renommés : outre Ali al Murra (sic) dont il vient d’être question, de la puissante tribu de pasteurs nomades éponyme, on comptait Salim Ibn Ghurãb, le plus célèbre des courtiers du Nadjd, Jabu Ibn Hadfa, d’autres encore et, Mahmud al-Baluchi, le plus notoire des courtiers baloutches. Parce que la traite des esclaves avait besoin de pistes sûres, de points d’eau, de complicités et de réseaux divers et qu’elle restait un métier honorable, ces hommes appartenaient à des tribus réputées sur lesquelles ils s’appuyaient : par exemple, les Ãl Dahm, des sédentaires opérant au nord du Hadramaout et devenus, par un curieux renversement de rôles de redoutables pillards de Bédouins ; les Ãl Nãbit ; les Ãl Habbar, entre autres. Loin d’être des aventuriers, tous ces trafiquants d’esclaves évoluaient parmi un même ensemble solidaire, ils étaient même organisés dans une corporation réglementée. En 1955, on trouvait toujours un marché aux esclaves officiel à la Mecque appelé Dakkat al-‘Abid, et des courtiers connus : Al-Garar ; Mimish et Ibn Nãsir ; ou à Riyãd, ‘Abd Allãh Ibn Marwãn.

Il existait toutefois quelques risques dans les pays étrangers. Ainsi en septembre 1955, un trafiquant d’esclaves, un certain Muhammad Husayn, qui fournissait le roi Ibn Sa’ud en mineurs, des fillettes et des garçonnets, achetés en Perse et en Irak (dans la région de Nadjaf et de Kerbalã, fut arrêté par la police irakienne et condamné à dix ans d’emprisonnement. Lorsqu’il fut pris, il avait collecté plus de cinquante mineures qui devaient être vendues à Riyãd. Il existait une tradition à la pédophilie, sans doute très ancienne »

Page 136 , 141 et 142 Esclavage et abolition en terre d’islam de Roger Botte

 

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