Accueil Actualités Serena Williams : Je n’aurais jamais pensé épouser un Blanc

Serena Williams : Je n’aurais jamais pensé épouser un Blanc

0 Deuxième lecture
0
0
4,393

« I never thought I would have married a white guy, either, so it just goes to show you that love truly has no color, and it just really goes to show me the importance of what love is. And my dad absolutely loves Alexis. (…) Ultimately I wanted to be with someone who treated me nice, someone who was able to laugh with me and someone who understood my life and someone that loved me »

« Je n’aurais jamais pensé épouser un Blanc non plus, ça montre que l’amour n’a vraiment aucune couleur, et ça me montre vraiment l’importance de ce qu’est l’amour. Et mon père adore Alexis. (…)
En fin de compte je voulais être avec quelqu’un qui me traite bien, quelqu’un avec qui je pouvais rire, qui comprenait ma vie et qui m’aimait »

New York Times

 

Un homme blanc ? Serena Williams n’a pas épousé un homme blanc mais un milliardaire blanc !

Lorsque vous êtes millionnaires et convoitées par beaucoup d’hommes, c’est vous qui décidez de qui sont vos partenaires. Il n’y a aucune place au hasard. Car si c’était le cas, Serena Williams aurait autant de chance de tomber amoureuse d’un chauffeur de taxi, d’un boulanger ou d’un serveur qu’elle aurait croisé lors d’une soirée de gala, que d’un basketteur ou d’un milliardaire issus des nouvelles technologies. Or ce n’est jamais arrivé depuis qu’elle est championne de tennis.

La raison est que les élites argentées verrouillent par mot de passe la parcours d’accès à leur cœur et n’en donnent les codes qu’à ceux qui les intéressent parmi certains cercles. Et la question de la classe sociale, de l’origine, de la fortune, de la réputation jouent un rôle important. Sur ce point pas d’hypocrisie : leur méfiance peut parfaitement se comprendre vis-à-vis de ceux qui en voudraient uniquement à leur argent. Cependant, qu’ils ne viennent pas se réclamer de « l’amour aveugle » quand l’accès à leur cœur n’est pas universel mais confiné à des individus triés sur le volet. Si l’amour est aveugle, il l’est totalement. Un amour orienté qui prétend être aveugle n’est donc qu’une supercherie dont usent et abusent certaines personnes.

Quant à essayer de faire croire qu’elle n’aurait jamais pensé épouser un Blanc : de qui se moque-t-elle ? Serena Williams a eu de longues liaisons avec plusieurs hommes blancs dont le producteur Brett Ratner ou l’entraineur Patrick Mouratoglou. Dans quelle mesure n’aurait-elle jamais pu penser qu’un Blanc puisse être son mari puisqu’elle était en relation avec eux ? Incohérence totale. On a plutôt l’impression qu’elle souhaite se prémunir de certains reproches en validant le mythe de « l’amour aveugle » qui, aux yeux des Occidentaux justifie tout et joue le rôle de machine à laver des réalités sociales.

Du coup, elle est obligée de jouer la candeur quant à la question de la couleur de peau pour ainsi légitimer son cas à elle en livrant le discours que la majorité morale veut entendre pour se donner bonne conscience, au nom d’un ethnocentrisme qui place leurs valeurs socio-culturelles au centre de toute réflexion concernant les Autres pour mieux les aliéner et les dominer. Ces derniers, obnubilés par ces références, piochent dans ses stocks afin d’obtenir l’approbation de la majorité morale alors que très souvent elles sont juste hors sujet.

Dire qu’aux USA la couleur n’a pas d’importance dans l’amour quand on est noir ? C’est aussi honnête que de dire que, si Hollywood est blanc, c’est précisément parce que le talent n’a pas de couleur. Les préjugés raciaux d’une société post-esclavagiste sont aussi présents chez les racisés qui absorbent ces stéréotypes auto-dépréciatifs, font de l’humour dessus et adhèrent aux mythes de la société à prédominance blanche. Faire croire que cela n’a aucun impact est soit de la bêtise soit de la mauvaise foi.

On a donc l’impression que Serena Williams nous livre le message suivant : puisque jamais de ma vie je n’ai pensé que j’aurai pu avoir un mari blanc (on y croit) et que désormais j’en ai un, c’est bien la preuve que l’amour n’a pas de couleur et que dans mon cas il n’est donc pas prémédité.

Raisonnement absurde : il y a d’autres facteurs entrant en jeu dans les choix amoureux et absolument rien ne prouve que Serena Williams se soit laissé guider par son cœur indépendamment du compte en banque, de la couleur de peau, de l’aura ou de la place d’Alexis Ohanian dans la société. On aurait pu adhérer à son laïus si elle avait épousé un prolétaire indo-guatémaltèque au physique aussi quelconque que son actuel mari et qui aurait pu lui aussi la faire rire, l’aimer et comprendre son métier. Mais ça, bizarrement ça n’arrive jamais.

Laisser un commentaire