C’est l’histoire de Justin et Ami McClure, un « couple mixte » célèbre sur les réseaux sociaux grâce à leurs jumelles métisses de cinq ans dont les vidéos font un carton sur Youtube avec plus d’un million d’abonnés sur leur compte.
Au-delà de la page Youtube, du twitter (récemment supprimé) et de la page Instagram, Justin McClure était aussi l’administrateur d’un blog pro « interracial dating » dans lequel il développait l’idée qu’une fois que les humains se ressembleraient tous, plus personne ne pourra détester l’Autre puisque l’Autre sera soi-même et, de cette manière, les couples mixtes allaient éradiquer le racisme.
«I think the most attractive women are Latina, Caribbean. They are beautiful. I hope we all date and pro-create to the point where we have the same skin color and can’t tell each others heritage apart. That would be great, and would pretty much obviate and eradicate racism. »
Tout allait bien jusque-là dans le monde parfait des Bisounours du couple quand plusieurs anciens tweets et publications issus du blog ont émergé récemment, mettant à mal la réputation antiraciste du mari. Dans ses écrits, Justin McClure se moquait allègrement de l’intelligence des Noirs (ils ne savent pas prononcer « Ask » mais savent en revanche bien prononcer « Cadillac Esclade »), affirmait dans son blog que pour draguer une femme noire online il suffirait de lui envoyer un email avec des références à la marque FUBU pour qu’elle s’intéresse à vous, ou encore ironisait sur la sexualité des femmes noires en la qualifiant de « ghetto », hashtag à l’appui.
« Black women have never been opposed to dating white men (for the most part) so when they get an email from a cute chalky boy they are like “He’s cute. I’ll definitely go out with him”, but on the street that would have never happen because the white guy would be too busy thinking about TED talks or buying books off Amazon.com to notice the sister. White guys don’t make the moves in person. So Caucasian guys if you want to date a black girl or curvy Spanish chick, get online. Send some emails. Talk about how you love piñatas and Fubu, whatever it takes. »
Sur les réseaux sociaux, les pro et les anti s’écharpent depuis quelques jours pour condamner le mari qui s’est excusé en affirmant qu’à cette époque il était alcoolique et différent de ce qu’il est aujourd’hui, ou pour soutenir Ami McClure, la femme nigériane qui pardonne à son mari en demandant où était le problème :
« Were they bad jokes ? Absolutely. But were they racist ? I mean, really ? » (Était-ce des blagues nulles ? Absolument ! Mais étaient-elles racistes ? Je veux dire vraiment racistes ? »)
Pourtant lorsque son mari dépeint dans son blog interrracial les hommes noirs comme agressifs et prétend faire de la sociologie raciale purement essentialisante, cela n’a rien à voir avec des blagues mais est constitutif du fond de sa pensée réelle. C’est la théorisation d’une pensée raciste, ni plus ni moins. Sauf que celle-ci est utilitariste dans le sens où elle sert son désir de domination et de consommation de la femme-objet de couleur noire. Et cet aspect est un élément essentiel à prendre en compte pour comprendre la défense de Justin McClure par des milliers de femmes noires et d’hommes noirs totalement aliénés et prêts à tout accepter pour assouvir leur désir d’être aimé par un Blanc ou Blanche puisqu’à leurs yeux c’est la chose la plus importante qui puisse leur arriver au cours de leur triste vie. Ils sont donc prêts à défendre tout et n’importe quoi au nom de cette passion.
Même ses tweets, dont certains ont été écrits après la naissance des jumelles, ne relèvent pas de l’humour mais d’une vision globale, fantasmée de la femme noire qu’il prétend connaître.
Comme lorsqu’il accuse, pas certaines, mais LES femmes noires de donner des noms bizarres à leurs enfants comme « Chandelier, Lasagna, Constellation, Wallgreen ». De l’humour ? Absolument pas. Pour lui, comme pour tous les faux antiracistes ethnocentristes, le métissage, en plus d’être un prétexte pour justifier leur lubricité avec des colorés supposément en pâmoison devant leur blancheur hypnotisante, est perçu comme un moyen de faire bénéficier le bas des avantages du haut. Raison pour laquelle le métissage est beau mais uniquement si les métissés parlent leurs langues, portent leurs noms, prénoms et se prosternent devant leurs dieux. Que l’histoire tragique du déracinement des esclaves les aient obligés à s’inventer des prénoms originaux ne lui effleure pas l’esprit : il traite ça par le sarcasme de l’arrogance culturelle.
– Soudainement, quelques naïfs découvrent que la fétichisation du Noir par d’autres n’est pas un rempart à leur négrophobie et que le racisme est bien plus complexe qu’une partie de jambes en l’air ou une union dont les motivations sont ambiguës.
– Soudainement, quelques naïfs découvrent qu’un individu profitant de son statut de privilégié blanc peut décréter que son attirance envers telle couleur (qu’il pense être disposée à répondre à ses lubies) aura des avantages pour le monde entier et qu’il peut déterminer ce qui sied au bien-être des « colorés » sans que leur avis ne soit questionné.
– Soudainement, quelques naïfs découvrent que la femme nigériane du sieur peut soutenir son conjoint et être prête à minimiser toutes les attaques remettant en cause sa dignité de femme noire sans que cela ne lui pose problème car après tout, elle est prête à défendre le « trophée blanc » dont elle a toujours rêvé.
– Soudainement, quelques naïfs découvrent que ces prétendus « couples mixtes » sont exactement comme les autres, que l’on retrouve autant de mariages d’intérêt et de stratégies matrimoniales préméditées chez eux que dans les autres couples et que le mythe de leur « différence » qui va produire ce que l’on appelle en philosophie du « sens moral » est une vaste fumisterie
Sources :
https://web.archive.org/…/onlin…/rise-of-interracial-dating/
https://madamenoire.com/…/the-mcclure-twins-fathers-old-t…/…