Ca faisait un sacré moment que je n’avais plus vu cette vidéo que j’avais enregistrée à l’époque des tensions sociales en Guadeloupe. Mais en la réécoutant à tête reposée, plusieurs années plus tard, on se rend compte de l’absurdité de la comparaison d’Yves Calvi qui confond sciemment les stratégies matrimoniales racistes et biologiques claires et évidentes des Békés avec une sorte d’endogamie familiale au sens large afin de préserver un patrimoine dans certaines familles bourguignonnes.
Notons que les mêmes stratégies matrimoniales « d’endogamie préférentielle » (donc un mariage effectué prioritairement dans le groupe de référence auquel on s’identifie) existent aussi chez les Békés afin de préserver un patrimoine. Mais justement ça ne s’arrête pas là et ça va plus loin.
Il y a en plus de cela, des stratégies matrimoniales avec prise en compte du rapport à la biologie, donc de la pureté du sang. C’est-à-dire que les Békés étaient connus pour exclure de leur caste et même de leur famille toute personne dont on aurait découvert qu’il n’était pas de « race blanche pure » et trainait quelques gouttes de sang nègre dans ses veines, même sur plusieurs générations. C’était une obsession. Un mariage en dehors de la race équivalait à l’exclusion d’office.
Neuville Doriac dans «Esclavage, assimilation et guyanité » écrit là-dessus, tout comme de nombreux auteurs antillais.
La hantise des Békés était simple : du sang nègre dans les veines pouvait resurgir sur n’importe lequel de ses propres descendants et « marquer » ainsi un fils, une fille, un neveu, une nièce, ou un petit-fils de la couleur de la « poisse ».
Le risque était trop gros. Ce serait une remise en cause totale d’une « suprématie blanche » qui doit se maintenir par tous les moyens.
Il ne faut vraiment avoir aucune idée du racisme esclavagiste spécifiquement français pour balayer ça de manière aussi naïve et ne pas le prendre en considération, d’autant que c’est parfaitement revendiqué par certains Békés eux-mêmes et de vive voix – facilement trouvable sur internet en vidéo…
Kahm Piankhy