Au Maroc, durant le XVIIème siècle, la pénurie d’esclaves noires a incité les marchands d’esclaves à jeter leur dévolu sur les Haratines et les populations berbères des oasis du sud pour y prélever des esclaves. Nous voyons ici comment en cas de pénurie d’esclaves noires, toute population légèrement foncées devient potentiellement réductibles à l’esclavage. Le racisme avait tellement imprégné la notion de « traite des humains » au Maroc que pour les négriers marocains, les femmes à peau très mate devenaient soudainement esclavagisables à leur yeux et pouvaient parfaitement se substituer aux Noires.
De l’autre côté, dans l’esprit du sultan Moulay Ismail, les Haratines à peau brune par exemple demeuraient des esclaves à ses yeux, quand bien même ils étaient métissés, affranchis de longue date et intégrés à la société marocaine. Ce sujet fut à l’origine de tensions vives entre le sultan et les oulémas qui considéraient que les Haratines, contrairement aux kouffars Négro-africains, n’étaient pas indignes au point de les intégrer dans sa Garde « d’abid » composées d’esclaves noirs.
Extrait de Couleurs de l’esclavage sur les deux rives de la Méditerranée